mardi 14 juillet 2009

Pratte, les cigognes et les relations causales

Un jour, pour illustrer des relations causales douteuses, une prof nous a parlé de statistiques venant des Pays-Bas. Il paraîtrait que la région où il y a le plus de natalité humaine est aussi la région… où il y a le plus de cigognes qui y habitent.

J’ai eu le même rire pour une autre relation causale douteuse. Malheureusement, celle-là sera écoutée puisque prononcée par la pensée dominante.

Plusieurs pensées pêle-mêle :

-Est-ce que les cégeps sont comptés dans ce savant calcul? Parce que nous n’avons pas le même système que dans leur sacro-saint « reste du Canada ». Et j’ai comme des doutes comme quoi les jeunes ne vont pas au cégep…

-Je pense que la société québécoise ne valorise pas les études, la culture et l’apprentissage comme d’autres cultures peuvent le faire, notamment nos voisins canadiens-anglais.
Est-ce que ça explique notre sous-financement de l’éducation qui est plus important que dans les autres provinces (ça évidemment Pratte n’en souffle mot)?

-Je pense ce n’est plus de l’enseignement qui nous est vendu en études postsecondaires, mais un diplôme. On nous vend un diplôme pour travailler, on a fait des établissements postsecondaires des fours à étudiantEs qui doivent sortir des fournées de travailleurEs. Plein d’étudiantEs ne veulent pas étudier, mais travailler. Pour elles et eux, l’université est un passage obligé, douloureux. On se retrouve avec des gens qui ont soif d’apprendre dans la même pièce que des gens qui ont juste hâte de cracher leur examen dont ils se sont bourré le crâne.

Ce qui m’amène au sujet de la tricherie. Si vous saviez à quel point j’ai constaté de la tricherie à l’université…, c’est vraiment navrant. Des tricheuses et des tricheurs de toutes les classes sociales, de tous les styles, et de toutes idéologies politiques. Mais comparativement à certaines personnes qui préfèrent annuler simplement le cours qu’elles ne réussiront pas ou accepter l’échec en sachant qu’elles vont le reprendre, parce qu’elles voient leurs études sur le long terme, les chasseurs de diplômes n’annuleront pas le cours « ark! Ça va me rallonger! », et ils vont avoir beaucoup moins de scrupule à tricher.

-Les diplômés qui auront un travail vont contribuer, par leurs impôts, beaucoup plus efficacement au système d’éducation qu’en faisant des études à la va-vite (vite faut travailler!) et en ayant de la difficulté à payer leur loyer ET leurs études. Nous allons finir par payer de toute façon alors pas de panique…

-Qui plus est, est-ce qu’il ne serait pas mieux d’avoir des diplômés qui diversifient la sacro-sainte productivité? Ce n’est pas en dilapidant ses ressources naturelles que la Norvège a pu fleurir (et se sortir assez bien de la crise!), mais parce qu’elle investi à long terme dans l’éducation. Ça donne des gens instruits qui sont capables d’innover dans les niveaux supérieurs de l’économie. Pourquoi se contenter d’avoir seulement des mineurSEs quand nous pouvons aussi avoir les concepteurs et conceptrices des machines et des outils?

-Ces dernières années, il y a comme une folie de constructions universitaires… « Il n’y a pas d’argent pour l’éducation », donc les lieux physiques de nos universités doivent se multiplier pour attirer plus de clientèle, pour continuer à être aussi financés. On parle de constructions de plusieurs millions ici, qui ne seront pas utilisables pour les payeurs immédiats. Les étudiantEs de l’Université de Sherbrooke ont payé de leur poche pour voir un nouveau pavillon à… Longueuil. Les étudiantEs ont donc payé pour des installations auxquelles ils et elles n’auront pas accès. On dirait bien que le principe d’utilisateur payeur ne marche que quand c’est le temps de payer, pas de recevoir…

-La main d’œuvre étudiante est une mine d’or pour une partie du patronat. Et la pensée dominante à tout intérêt à la garder disponible et ayant besoin d’argent.

-Question niaiseuse, si je paye mon pain plus cher est-ce que je l’apprécie plus quand je le mange?

Vous voulez rendre l'université plus "appréciée"? Rendez-là plus difficile. L'argent n'a rien a voir dans l'effort requis, donc, dans l'accomplissement.

Louis sur le même sujet

jeudi 2 juillet 2009

Sus aux publicités sexistes!



Je deteste les annonces de Budweiser placardées partout dans la ville. C'est rare que je sens les autocollants me démanger, mais là les publicités courrent après.

Quand même mes copines qui ne se plaignent jamais des publicités sexistes m'appellent pour me demander s'il me reste des autocollants, c'est que la publicité (ou son omniprésence), a frappé fort. Assez pour réveiller certaines consciences.

Gracieuseté du collectif Les délicates attentions. À faire imprimer et coller partout où le besoin se fait sentir. Personnellement, j'adore^^.

Via jesuisfeministe.com

mercredi 1 juillet 2009

Pas sûre…

Même à la distance où nous étions, nous voyions beaucoup de rouge et de feuilles d’érable. Puis se sont détachés un immense drapeau du Canada (pourtant nous avions choisi d'être loin de l’orgie nationaliste), avec un, pas beaucoup plus petit, drapeau du Royaume-Uni qui le suivait.Le groupe était bruyant, et certains éléments semblaient tenir des cadres.

-Namoureux : Argh! Des colonialistes!!! On devrait leur piquer leur Union Jack!
-Pwel (yeux écarquillés) : Ben voyons donc! J’y crois pas!

On s’est approchés pour mieux comprendre, mais quand même irrités en voyant qu’un des cadres transportés était une photo de notre Gracieuse Souveraine :

-Pwel (en souriant) : Heille! Est-ce que vous vous arrangez pour manger une volée?
-Gars dans le groupe (plein de joie) : Vous êtes des Québécois faique vous devez vous mettre à genoux!
-Pwel : Oh! Vous n'êtes pas sérieux? Y’a un concept?! On se disait aussi que des colonialistes avaient l’instinct de survie…
-Fille dans le groupe (ne se peut plus d’avoir du plaisir) : Oui! On est les Jeunes patriotes!

Et ils se sont éloignés dans une masse rouge criant des insultes aux Québécois et acclamant le Parti Libéral et la monarchie anglaise.



Attardons-nous seulement sur ce que j’ai vu de loin, sans même entendre leurs voix.

Des drapeaux canadiens, un drapeau du Royaume-Uni, un cadre avec une photo de la tête de la monarchie anglaise (je me suis fait dire qu’il y avait aussi un cadre d’ Ignatieff).

Je comprends le concept d’une « contre-manifestation ». Il y a de « fausses manifs de droites » très réussies qui étonnent à première vue et qui finissent par faire sourire et réfléchir.

C’est clair qu’il y avait une idée de sarcasme, mais ce n’était vraiment pas évident avant de les voir de près ou de les entendre. La couronne était assez ridicule (et ne ressortait pas bien), mais tout le reste était très crédible. Ça n’avait absolument rien à voir avec des stéréotypes « de droite » qui manifestent en rang, séparés en sexe avec des symboles religieux qui crient « les pauvres dans l’armée! Pas à l’université! ".Le deuxième niveau n’a absolument pas la même profondeur.

Ça aurait très bien pu être une gang d’excités un jour de fête.

C’est beaucoup de préparation pour faire une démonstration d’une ampleur que l’équipe adverse n’a pas fait (ark! Ils ont dépensé pour un Union Jack et un méga drapeau du Canada?!). Et surtout, ce n’était pas clair, ça aurait pu être de la propagande fédéraleuse-monarchiste.

Se déguiser en Canadien fanatique aujourd’hui, ce n’est pas comme leur faire de la pub? Me semble que si j’étais une nationaleuse, la journée où je ne parlerais pas du tout du Canada ça serais aujourd’hui non?

Au mieux c’est une catharsis pour les Jeunes patriotes, au pire c’est une attaque qui se veut blessante, mais maladroitement exprimée (parce qu’au pire pire, c’est perçu comme de la propagande canadienne). Mais ce n’est pas une démonstration aussi efficace qu’une fausse manifestation de droite.

Oh, ils l’ont aussi fait l’année passée, jugez par vous-même.

Et pour la petite histoire, j'ai trouvé ça discutable que la seule démonstration de fédéralisme qui m'ait été imposée aujourd’hui l’ait été par des souverainistes